June 2, 2018: points notables de "Science et Bonheur des Hommes" par Louis Leprince-Ringuet (Flammarion, 1973)
Cet ouvrage de 1973
[Lep73] analyse, synthètise, mais le but final est la recherche du bonheur, car l’auteur croit "profondément à la possibilité d’être heureux à chaque étape de l’histoire de l’humanité". Au final, beaucoup de choses écrites dans ce livre écrites par un scientifique renommé des années 1970 sont encore parfaitement d’actualité.
Certains passages choqueraient certains adeptes de la bien-pensance: p.31, 58, 122, 140, p.158. Que le lecteur se fasse sa propre opinion, comme d’habitude (sans vouloir restreindre la liberté des écrivains, et en replaçant les choses dans leur contexte).
L’auteur parle de l’importance de la bibliographie p.144, mais pas une seule référence donnée dans le livre!
Partie 1: damnés en marche ou proposés au bonheur?
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p.9: en 73, la science n’a déjà plus l’auréole des 30 glorieuses, en particulier du fait des questions quant à l’écologie (p.11), elle pourrait échapper à l’homme (p.16)
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p.11: vie grégaire, spécialisation: pourrons-nous malgré tout trouver le bonheur?
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p.18: "Une des difficultés pour trouver une réponse à ces questions fondamentales est le caractère de routine de notre existence. On s’habitue finalement à toutes les situations.". Voir aussi p.40.
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p.22: les troubles de la circulation et le cancer déjà les deux principales causes de maladie en 73. L’auteur dit que les villes souffrent des mêmes maux: "prolifération anarchique de voitures, bâtiments, usines, cités dortoirs".
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p.22f: "Que l’on utilise le métro, les trains bondés de la banlieue, la voiture aux portes de Paris, aux heures de pointe, on se sent appartenir à un troupeau et cette impression est écrasante pour la personnalité de chacun de nous." "Finalement, on ne réagit plus, on mate ses impatiences, on acquiert une certaine sagesse, on réprime sa révolte. Qu’y peut-on, en effet?". "La vie grégaire de la ville, on la fuit pour la retrouver, on va là où d’autres s’entassent, où de nouvelles cités naissent pour un temps éphémère".
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p.24: critique virulante des nantis, des banquiers, des politiciens, ambassadeurs, qui arrivent à échapper à la vie grégaire. "Mais tout cette part de la société qui veut ou doit se distinguer, c’est fort peu en nombre et souvent en intérêt".
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p.26: quand est arrivé l’électronique, gros salaires; mais incertitude de plus en plus pour l’avenir.
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p.26: "A cinquante ou même quarante ans, il est trop tard pour s’adapter à l’ordinateur". JSA: pas d’accord. Il se réfère probablement à sa propre incapacité (p.29), mais sûrement car il n’y a pas passé assez de temps; nul doute qu’il aurait pu s’y mettre.
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p.30: besoin de formations incitant à l’adaptabilité plutôt qu’aux connaissances de base.
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p.30: critique des maths modernes.
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p.31: avec les maths modernes, les parents perdent l’autorité technique sur leurs enfants. Cette perte va se généraliser: "faillite à long terme de l’autorité technique". JSA: y compris l’autorité officielle? Il faut développer.
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p.32f: on croule sous l’information, la publicité "Voilà donc mes cellules cérébrales, mes mémoires nombreuses et non infiniment développées, qui recueillent consciemment ou inconsciemment toute une série d’informations. […] Si bien que pour une information intéressante, il me faut subir des centaines d’incitations publicitaires qui encombreront mon cerveau et lui enlèveront progressivement sa disponibilité. Il deviendra vite saturé.". p.35: "N’allons-nous pas devenir des esclaves, des abrutis de l’information? N’est-ce pas finalement un matraquage, une pollution de notre environnement intellectuel?". p.38: il faut ne pas être saturé pour qu’il reste de la place pour écouter les autres.
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p.33: le "franglais": déjà en 73!
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p.34: débat sur la pub dans l’audiovisuel public: déjà en 73.
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p.34: les médias alternatifs déjà en 73: "Qui donc ne s’est rendu compte que les principales interventions intéressantes, aux moments importants de notre vie nationale, se faisaient sur ces stations?"
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p.36: de plus en plus de choix. "Notre époque est bien marquée par le problème du choix: nous passerons dans l’avenir moins de notre temps à travailler et davantage à essayer de choisir". p.37: choix dans l’orientation. p.38: exception de l’immobilier, peu de choix, déjà en 73.
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p.39f: les moyens de communication font émerger une conscience nouvelle, mais difficile d’infléchir la course du monde pour une seule personne. On finit par tout admettre, on ne pense à rien, l’essentiel est d’écouter les informations de manière résignée. On s’habitue même à la vie grégaire. "les jeunes scolaires travaillent maintenant avec le bruit de fond d’une radio".
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p.41: dans ces conditions, "Quel motif d’exaltation, de dépassement, peut-on trouver dans cette terne succession de séquences prévues, programmées peut-on dire: le travail, le retour du soir dans la petite boîte de la cité dortoir, la télévision et son cortège d’agressions?"
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p.41: selon J. Monod, le marxisme est une religion. JSA: non! Il est sensé être construit sur une rationalité! De plus juste après il parle d’astrologie.
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p.43: pour êre moins écrasé, on rentre dans des petits groupes qu’on reconnaît par des signes particuliers.
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p.44: "O.S.": ouvrier spécialisé, acronyme visiblement courant à l’époque.
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p.44ff: mais on oublie la vie effroyable d’avant: travail sans congés et dans des mauvaises conditions, famines, guerres.
Partie 2: la science fondamentale à l’origine des transformations
JSA: comment ne pas être d’accord avec ce titre!
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p.53: démographie galopante.
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p.54: "On aurait pu essayer d’améliorer la situation sans science fondamentale, en développant seulement la recherche appliquée, c’est-à-dire en perfectionnant les barrages, les centrales à charbon ou à fuel, tout ce que l’on pouvait utiliser avant l’apparition de l’ère nucléaire, mais on ne serait pas allé bien loin". JSA: de plus, je ne suis pas sûr qu’avec un tel état d’esprit on aurait pu poser les bases de la thermodynamique! Cf p.57: le transistor ne découle pas du perfectionnement des lampes!
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p.58: mais l’humanité ne perçoit rien de la science qui se développe dans sa bulle, et ce, bien qu’utilisant ses applications, qui arrivent de manière imprévisible. JSA: la science encore plus!
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p.58: déjà l’idée de destruction par la nourriture en 73.
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p.59: "les disciplines de toute sorte deviennent de plus en plus scientifiques. On parle de sciences de l’homme, de sciences sociales, qui emboîtent le pas aux sciences exactes."
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p.66: "je ne l’ai jamais parfaitement comprise" (la physique quantique).
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p.69-71: "Qui donc est l’artisan de ces remises en question? Ce ne sont pas les étudiants de vingt ans qui n’ont pas en physique, en science, une compétence suffisante; ni les vieux professeurs de cinquante ou soixante ans, dont l’esprit est devenu trop polarisé". JSA: première loi d’AC Clarke, dont il donne un exemple p.70: un excellent chimiste qui ne croit pas aux isotopes. "Cette remise en question se fait avec des chercheurs […] comme Einstein quand il avait vingt-cinq ans. Ce sont des gens jeunes, qui connaissent, parce que très intelligents, tout l’ensemble de leur science, qui ont une vue générale mais qui n’ont pas encore pris parti d’une façon définitive. […] Ces jeunes savants ont acquis une formation solide, une longue ascèse de sept à huit ans. […] Cette longue ascèse, très astreignante, est indispensable pour se former. Il faut en effet, acquérir un certain nombre de qualités qui sont souvent contradictoires, des qualités manuelles pour les expérimentateurs […]. Il faut aussi une vue théorique des choses, afin de comprendre les formalismes […] Finalement deux qualités fondamentales doivent être acquises: cet esprit de remise en question et l’esprit d’accueil.". JSA: comme dit p.71f ("on ne sais pas ce qui va se passer mais on l’accueille"), l’esprit d’accueil concerne une nouvelle théorie ou bien un résultat expérimental. L’esprit de remise en question concerne la critique de cette théorie ou à l’explication des résultats expérimentaux à l’aune de ses connaissances et capacités d’analyse de synthèse. L’esprit de remise en question concerne les connaissances ainsi que les facultés d’analyse et synthèse, tandis que l’esprit d’accueil consiste juste à ne pas rejeter une théorie ou un résultat a priori, mais seulement une fois utilisées les facultés d’analyse et de synthèse. Si ces dernières sont utilisées de manière parfaite, il ne peut y avoir d’erreur et l’esprit d’accueil n’a plus lieu d’être considéré; mais dans la pratique, il faut être prudent quant à leur utilisation, et c’est le rôle de l’esprit d’accueil de tempérer la confiance dans ses propres connaissances et capacités. Comme le dit l’auteur, le vrai problème de certains scientifiques âgés, c’est trop de confiance en soi.
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p.70: JSA: Einstein ne connaissait pas l’ensemble de la science de son époque! D’ailleurs p.127 il écrit que c’est impossible!
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p.77: selon l’auteur, dans mai 1968, il y avait le "refus de la vie grégaire qui brime une personnalité précieuse". JSA: vraiment? J’ai des doutes.
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p.78: "Nous réchaufferons les océans avec toute la chaleur des eaux de refroidissement des usines". JSA: cf ma note concernant "Terre et Fondation", p.467.
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p.82: les noyaux: des protons, et un nombre de neutrons supérieur ou égal. JSA: ce n’est pas le cas pour l’hydrogène le plus commun!
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p.83: synchronisme dans un synchrotron très précis.
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p.87f: création d’un couple particule/antiparticule. Une centaine de particules trouvées déjà en 73. Les trouver est un jeu, mais jeu qui peut être utile, plus utile qu’une partie de tennis ou de pétanque.
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p.95: le C. E. R. N. correspondant à de la "Big Science". JSA: déjà en 73 on en parlait.
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p.96: un des intérêts du CERN: l’éducation. La formation de futurs professeurs plus "modernes". p.98: cela permet d’attirer les meilleurs scientifiques.
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p.97: l’éventualité d’applications suites aux découvertes du CERN est lointaine.
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p.99: on publie tout au CERN, pas de brevets, contrairement au CEA ou les centres de recherche appliqués de Philips, etc. JSA: toujours vrai que pas de brevet au CERN?
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p.100: "Je pense que les secrets industriels sont très souvent excessifs. Ils ont beaucoup d’inconvénients. A cause d’eux on fera des recherches identiques sans le savoir, sans même qu’une comparaison puisse être établie entre elles; d’où un gaspillage évident. A cause d’eux, les travaux des scientifiques ne pourront pas être jugés par d’autres scientifiques; il sera bien difficile de distinguer les meilleurs éléments comme on le fait dans la science fondamentale. On perd la possibilité de leur donner, dans la compétition des jeunes talents, une position qui leur convienne."
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p.102: pour attirer les meilleurs éléments attirés par le fondamental, "les grandes affaires, l’espace, l’énergie nucléaire l’ont bien compris. […] Aussi présentent-elles toutes un double aspect: toujours un ou plusieurs départements de recherche de base, même et surtout dans les centres les plus secrets.". Mais (p.103) chez Renault ou Philips, "il y aura donc une recherche fondamentale qui sera souvent utilisable pour l’amélioration technologique. A ce niveau il est difficile de séparer le fondamental de l’appliqué".
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p.104: premier extrême: diffraction des électrons découvertes dans les laboratoires Bell, par hasard. Seuls les grands théoriciens (e.g. Louis de Broglie) s’intéressaient à la nature des particules en 1929, en particulier leur caractère ondulatoire. p.106: "Le gloire en rejaillit sur la société des téléphones Bell qui eut le mérite pendant les années dures de 1929, où les industries américaines débauchaient, de conserver un centre de recherche extrêmement vivant et actif et de ne pas débaucher les scientifiques. Ils eurent la cote auprès des physiciens et c’est grâce à toutes cette organisation mixte, à cheval sur le fondamental et l’appliqué, que se poursuivit la connaissance de l’état solide et que finalement le transistor fut découvert et réalisé, apportant du même coup, après des dizaines d’années de recherches, une fortune matérielle considérable à l’entreprise.".
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p.107: autre extrême: la découverte du neutron en 1931. Vers 1930, tous les laboratoires de physique bombardaient les noyaux avec du rayonnement
(seule source disponible) pour observer des transmutations. On identifia le neutron dans les produits de désintégration. On arriva à la conclusion que les noyaux sont faits de protons et neutrons seulement, donc au lieu de 92 éléments de base, on en avait deux! C’était de la physique fondamentale sans aucune préoccupation d’application immédiate, qui est néanmoins est venue. p.109: radioactivité artificielle découverte seulement en 1934 par Joliot: dans la désintégration il y avait des noyaux instables, ce qui a ouvert la voie aux traceurs. Le noyau d’uranium avait ceci de particulier qu’il donnait non seulement des noyaux instables, mais aussi d’autres neutrons, rendant possible la réaction en chaîne. Ceci a été réalisé juste avant la guerre. C’est une application du neutron, qui a aussi donné la fission contrôlée pour les réacteurs.
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p.117: le court terme pèse beaucoup dans les budgets, "mais la science, qui est la grande et belle activité de la connaissance, éternel levier de l’activité humaine, doit se poursuivre sans réticence.
Partie 3: mettre en question l’éducation
Former qui, dans quel but?
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p.122: JSA: la retraite à 60 ans semblait acquise pour l’auteur.
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p.122: "L’année qui suit la mise à la retraite est souvent fatale au vieux mari désoeuvré, parfois prisonnier d’une femme "prépotente" à laquelle il doit donner des explications chaque fois que sa fantaisie, son esprit créateur, lui inspire un mouvement, une sortie, un voyage. Alors il meurt vite, seul moyen d’échapper à sa dominatrice, à sa mante religieuse. La réciproque peut également être vraie: la présence constante de l’homme au foyer est souvent mortelle pour les petites libertés de l’épouse". JSA: ce serait maintenant plutôt la femme qui veut voyager tout le temps!
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p.123: problèmes écologiques liés à l’agriculture (produits chimiques et engrais) déjà discutés en 73.
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p.125: l’éducation doit inciter à l’adaptation.
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p.126: JSA: l’auteur parle de gens n’ayant pas le niveau de formation suffisant, de telle manière qu’ils sont "recalés, aigris, rejetés de la société". Mais au début du livre l’auteur parle de la surabondance d’information à laquelle visiblement il n’adhère pas, donc quelque part il n’a pas non plus la société "moderne" dans son coeur; quelque part il préfère ne pas être vraiment dedans!
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p.126: qu’est-ce que la culture? S’agit-il de savoir tout sur tout? Non, car "Il y a trop de champs de connaissance et il est bien difficile de n’être pas alors purement superficiel". C’est aussi une chance car "la spécialisation donne la possibilité d’approfondir un domaine, de devenir parfois, à un moment particulier de sa vie, le meilleur.". JSA: et donc, avec du flair, on peut se spécialiser dans ce qui est vraiment important.
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p.128: il faut être ni trop, ni trop peu spécialiste.
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p.128: "Le grand problème pour l’enfant et l’homme est précisément de ne pas saturer toutes ses mémoires, de ne pas tout connaître, de garder des places libres, et il en faut beaucoup pour accueillir les nouveautés qui défilent à toute allure.": il ne faut pas rentrer dans ce jeu et devenir un dictionnaire vivant. L’auteur dit qu’un "dictionnaire vivant", tel qu’il l’appelle, n’est pas cultivé: "On dit parfois qu’un esprit encyclopédique est cultivé. Quelle stupidité!". JSA: je ne suis pas d’accord; pour moi ce "savoir un peu sur tout" est précisément la définition de la culture. Sa définition de la culture p.129 est pour moi aberrante: "Il est difficile de cerner la notion de culture. Nous sentons bien qu’elle doit correspondre à un équilibre de l’homme dans la vie moderne, à une possibilité de s’adapter, d’être heureux. […] C’est cette synthèse entre l’esprit d’accueil et l’esprit de prudence qui constitue à mon sens, lorsqu’elle est réussie, la véritable culture". Il s’agit donc pour lui de ce qu’il écrivait déjà p.69: "Finalement deux qualités fondamentales doivent être acquises: cet esprit de remise en question et l’esprit d’accueil.". Pour moi cet équilibre est indépendant des connaissances en elle-même, ces dernières étant par ailleurs nécessaires pour tirer quelque chose de cet équilibre. C’est cet équilibre qui manque à certains scientifiques pour s’intéresser aux soucoupes volantes. De plus, il faut avoir creusé plusieurs domaines en vertical, avant de faire de l’horizontal; ou alors, si ce n’est pas possible, rester en vertical toute sa vie. P.171 il écrit: "C’est cette synthèse entre l’esprit d’accueil et l’esprit de prudence qui constitue à mon sens, lorsqu’elle est réussie, la véritable culture. Elle exige une longue formation, une véritable ascèse intellectuelle et spirituelle". Voir ma note en italique concernant p.69-71: il n’aurait pas dû employer le vocabulaire "esprit de prudence", cela ne correspond pas à l’idée de la page 71, mais plutôt "facultés d’analyse et de synthèse". La première loi d’AC Clarke suggère que la formation aurait tendance à diminuer l’esprit d’accueil des gens de telle manière que leurs capacités d’analyse et de synthèse forcément très grandes à cause de l’âge ne puissent pas être utilisées pour critiquer une nouvelle théorie ou résultat expérimental. Et effectivement, pour moi cet esprit d’accueil n’exige pas de longue formation; c’est l’esprit d’analyse et de synthèse qui en exige une. En tout cas pour moi, ce fut comme cela: je suis devenu de plus en plus sceptique sur certaines théories alternatives de la physique ou l’ufologie avec le temps, à force de lire. La formation permet de rejeter plutôt qu’accueillir: je l’ai ajouté dans BOOK.lyx comme raison supplémentaires à celles indiquées par [Bro66]! Tout l’art consiste à ne pas trop rejeter. En transformant un peu ce que dit l’auteur: un homme cultivé est un homme qui a d’excellentes connaissances et capacités d’analyse et synthèse sans en être trop certain, ce qui lui permet de garder un esprit d’accueil suffisant. Cela rejoint la citation à file:///home/jscordia/Documents/documentation/asp_sites/www.toupie.org/index.html:
Pour être vraiment libre, l’homme doit apprendre à être sceptique, à se méfier de toutes les solutions globalisantes ou trop simples et à vivre sans certitude dans un monde d’une très grande complexité.
Pierre Tourev
En effet: "vivre sans certitude" = "esprit d’accueil" de Leprince-Ringuet, "être sceptique" = "esprit de remise en question" de Leprince-Ringuet.
Pour moi c’est aussi la définition d’un bon scientifique: d’excellentes connaissances et capacités d’analyse lui permettent de mettre en équation son environnement (3ième âge de Comte); mais aussi de faire de la synthèse, i.e. des inférences inductives, de manière à déduire des lois plus générales permettant d’expliquer des résultats expérimentaux (les faire passer du 2ième au 3ième âge de Comte); ces capacités de synthèse peuvent être utilisées pour comparer certaines théories candidates.
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p.130: tous les sujets sont si complexes. JSA: déjà des discussions sur la retraite à 60 ans à l’époque.
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p.131: "Nous avons, à un moment défini de notre existence, à vingt et un ans, connu et emmagasiné la "Vérité". Après quoi, ce grand effort épuisant terminé, nous n’aurons plus aucun appétit pour les compléments de vérité qui risquent d’apparaître au cours des années par les découvertes, les transformations de la pensée, les nouveaux formalismes.". JSA: au 21ième siècle, c’est surtout que les étudiants sortant de prépa n’ont pas envie de sacrifier encore des années de leur vie, et mettent la pédale douce. D’autant plus que la nouvelle physique demande toujours plus d’apprentissage et d’abstraction. Voir aussi p.156.
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p.132: la relativité n’était toujours pas enseignée à X en 1936, les professeurs étaient sceptiques. Il a fallu attendre Hiroshima.
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p.133ff: trop d’abstraction dans l’enseignement; pas assez d’observation. p.136: le problème est que la physique demande plus de moyens que les maths.
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p.135: "Ainsi que l’exprime mon confrère et ami Alfred Kastler, la France présente le cas rarissime d’un pays où, de onze à quinze ans, les élèves perdent tout contact avec des disciplines qui correspondraient le plus à leurs centres d’intérêt naturels: les avions, la radio, la photo, l’espace; on ne s’attache pas chez eux à développer le sens de l’observation, l’habileté expérimentale, l’aptitude à réagir devant le problème concret. Une des conséquences est que le travail expérimental, l’activité technique, sont dévalorisés. Il existe un certain snobisme contre la technique, ce qui manifeste à coup sûr une étroitesse d’esprit et un manque de culture."
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p.137: trop de maths modernes, pas assez comme outil (maths appliquées).
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p.139: "Il y a encore une autre caractéristique dominante: l’esprit de logique, que l’on reproche tant aux X. Logique sans intuition, que l’on risque d’appliquer, au cours de la vie, aux problèmes de l’existence, alors qu’on n’en connaît pas toutes les données et que les solutions sont multiples. Cette attitude d’esprit peut se montrer très néfaste, caricaturale." JSA: il faut aussi faire preuve d’intuition pour imaginer un modèle en physique: voir la théorie de Milne. Généralement il n’y a pas un seul modèle. Et aussi pour tenir compte de signes qui peuvent guider: soucoupes volantes?
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p.139: "Ne traitez pas votre femme comme un théorème, sinon..."
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p.140: "Leur agilité d’esprit est au moins égale à celle des hommes. Je ne sais pas si elles ont plus ou moins l’esprit de création. Je serais tenté de dire qu’elles en ont moins, que la création, l’innovation est plutôt l’apanage des hommes. Cela semble apparaître dans tous les domaines, architecture, peinture, sculpture, musique, littérature et sciences également. De Pierre et Marie Curie, c’est Pierre l’homme créateur, celui qui a établi par son génie des lois nouvelles de la physique. Marie brillait par d’autres qualités, le caractère, une ténacité exceptionnelle, la précision, la patience. C’est ainsi qu’elle a pu faire les extractions difficiles de produits radioactifs. Je vois la même chose dans les laboratoires. Il y a des filles dans tous les grades du C. N. R. S. Elles sont intelligentes, elles ont du caractère, leur esprit critique est parfois remarquable, mais elles me paraissent manquer d’idées, d’imagination, alors qu’elles ont plus de volonté, de ténacité parfois que beaucoup de garçons.". JSA: on peut avoir l’esprit critique et manquer d’imagination?
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p.141: les filles sont souvent mieux armées que les garçons pour rentrer dans les grandes écoles, car elles sont plus dociles pour recevoir passivement l’enseignement.
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p.141f: pas de non-conformisme possible en prépa, même pour les meilleurs. On n’a pas le temps de s’intéresser à autre chose que les questions du concours, ce serait un handicap: "Naturellement, dans la présentation de l’X ou des autres très Grandes Ecoles, il faut jouer le jeu et certains le jouent avec ténacité, s’efforçant d’oublier pendant deux ans leurs aspirations personnelles, l’intérêt de leurs préoccupations. Impossible de s’intéresser sérieusement à ce qui n’est pas dans le cours, à ce qui n’apparaît pas comme question possible au moment du concours. Même avec cette acceptation volontaire, certains des meilleurs seront handicapés par leur attitude non conformiste."
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p.143: l’auteur examine maintenant l’université. p.144: "il publie l’ensemble du travail de son équipe, vu à travers son optique personnelle". JSA: alors il est moins libre du fait qu’il appartient à une équipe. Pourquoi pas pendant une phase de formation; mais à un moment donné, il faudra que le chercheur puisse changer de domaine sans demande d’autorisation; il doit avoir du temps pour travailler sur ce qu’il veut, sans contrainte de publication.
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p.144f: il fait l’éloge des P.H.D.: "J’ai beaucoup de considération et d’estime pour les bons docteurs ès sciences ou leurs équivalents, les P.H.D. des pays anglo-saxons, pour ceux qui ont travaillé dans des grands laboratoires où la compétition est large, où les équipes sont valables. Ils ont fait un travail personnel, intégré dans celui d’une équipe, et ils ont le sens du travail en groupe, ce qui est essentiel actuellement. Ils ont déployé de l’imagination créatrice, ce qui n’est pas une caractéristique des élèves des Grandes Ecoles. Il leur a fallu apprendre à faire une bibliographie complète, ce que peu d’ingénieurs savent effectuer correctement [JSA: je confirme]; sans bonne bibliographie, il n’y a pas de bonne thèse puisqu’un travail de thèse apporte à un sujet un supplément nouveau de connaissances. Peut-être ne sont-ils pas aussi brillants et rapides que les élèves des Grandes Ecoles qui ont réussi à vingt ans des concours difficiles, mais ce n’est pas grave. Ils sont souvent plus réfléchis. Ils n’ont pas tout appris uniformément et il leur a fallu, au cours des années d’Université, travailler malgré des conditions souvent difficiles. Moins guidés sur des rails que les taupins et les élèves des écoles, mêlés à un milieu de moindre qualité intellectuelle moyenne, ils ont fait preuve de ténacité, de caractère."
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p.146: à l’époque, beaucoup de docteurs finissaient systématiquement au CNRS. Alors que l’auteur voudrait "le tempérament, l’imagination, les qualités de cran, de ténacité, la capacité de création".
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p.147: "Bagarres malsaines, car ce n’est pas toujours le meilleur qui gagne" pour passer maître de conférences.
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p.147f: "Une entreprise industrielle de stature suffisante devrait posséder un centre de recherche. C’est le cas des grandes sociétés, mais trop d’affaires ont chez nous un état d’esprit hostile à la recherche et redoutent la présence des jeunes hommes possédant une imagination créatrice, un tempérament tenace et personnel, ayant pris des habitudes libérales du C.N.R.S., c’est-à-dire une grande liberté d’horaires, un entier mépris des conventions, une notion de l’obéissance et du garde-à-vous beaucoup plus souple que dans l’industrie. Bref, on redoute souvent cette engeance exigeante et difficile à manier. Et puis, la période faste de créativité passée, vers quarante-cinq ans, que faire du chercheur? [JSA: non, rien à voir avec l’âge!] Toutes ces raisons, on les comprend bien sûr, mais elles ne résistent pas devant la réalité: en effet, ce qui sort de nouveau, d’intéressant, de commercialisable, en chimie, électronique, mécanique, provient des entreprises qui ont eu l’intelligence de s’offrir un grand centre de recherches dans lequel les chercheurs se trouvent bien, avec cette liberté qu’ils affectionnent, cette indépendance de leur tempérament. Alors ils travailleront sérieusement, auront des idées, réaliseront des objets nouveaux, se documenteront, seront capables (et seuls capables) de déceler, parmi les milliers de publications des sciences fondamentales, celles qui sont susceptibles d’être utilisées dans les directions de recherche de l’entreprise".
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p.148: les industriels français "protégés qu’ils furent par des barrières douanières et des commandes ministérielles. Mais le monde change et ce bel isolement n’est pas destiné à se prolonger très longtemps" : JSA: toujours d’actualité.
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p.149: "On choisit sans trop bien connaître, on s’entasse au début de l’année scolaire dans des amphis trop petits. Bien vite, un équilibre s’établit avec décroissance exponentielle des auditeurs, comme en radioactivité".
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p.151: passerelles très bien organisées aux USA: on peut aller dans les Junior Colleges et finir doyen d’une université. Cf aussi p.154.
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p.152: en Chine, nul ne rentre à l’Université s’il n’a pas déjà travaillé ailleurs. JSA: aux antipodes de nos pays! Mais pas forcément bon si on veut des théoriciens!
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p.153: "travail original lié à la recherche, c’est-à-dire à l’opposé de l’accumulation des connaissances". JSA: c’est aussi un peu la différence entre cours et exercices! Cf aussi p.181 et p.200. Il oublie de dire que la recherche est beaucoup plus longue pour arriver à la même satisfaction intellectuelle.
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p.153f: élimination des gens qui ont la vocation de la médecine sur des matières sans rapport avec la médecine: aberrant. Il vaudrait mieux un diplôme au bout des deux années, pour les futurs techniciens de la médecine.
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p.154: les infirmières devraient pouvoir devenir médecin.
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p.156: celui qui sort de la Grande Ecole n’a pas forcément plus de mérite que celui qui sort de FAC: voir aussi p.131.
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p.158: si je comprends bien, les Universités devraient assumer le fait que ses formations sont non-professionnalisantes, et devraient proposer un enseignement tout au long de la vie. Mais cela est contradictoire avec ce qu’il écrit p.159: proposer des stages en entreprise pour les étudiants en université.
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p.159: l’auteur aime les I.U.T., car contenant plus de culture générale pour savoir changer d’orientation plus tard.
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p.161: lois en 1971 pour formation continue. JSA: on ne l’utilise pas chez Siemens! Cf aussi p.172.
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p.162-165: critique des parents qui ne mettent pas leurs enfants dans le technique. Critique des littéraires p.163 (aussi: p.168 et 186).
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p.166: CESI (rémunéré) ou CNAM (non rémunéré, cours du soir ou samedi).
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p.167: "à mesure que l’on vieillit et que d’autres préoccupations changent l’activité cérébrale". JSA: ça ne devrait pas! p.172: "Or, garder l’esprit frais et ouvert, conserver un appétit de connaissance, est difficile".
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p.169f: à l’opposé du technien incapable de remettre en cause le monde autour de lui, il y a le prophète: "Or il faut aussi des prophètes. La création n’est pas un acte définitif du passé, elle est permanente, toujours actuelle; nous avons à créer le monde moderne, le recréer, l’orienter".
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p.173: "Tout ne peut pas se faire sous forme d’animation ou de conversations. Il faut aussi des cours. Lorsqu’ils sont bien préparés et exposés clairement, ils font gagner non seulement un temps considérable, mais une qualité de raisonnement, et procurent un intérêt souvent émerveillé".: idem en 2018: il faut des cours! Toujours les mêmes discussions.
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p.174f: les enseignants devraient avoir une période d’essai qui ne soient pas une formalité, et aussi pas d’avancement à l’ancienneté. JSA: le problème est de savoir qui juge!
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p.177f: l’enseignement privé permettrait ce que l’enseignement public ne permet pas: armée napoléonienne vs guérilla. JSA: cathédrale vs bazard? Mais l’enseignement privé ne fait pas de retours.
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p.179: il a peur des enseignants qui pronent le marxisme, mais ne vaut-il pas mieux un enseignement passionné?
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p.179: visiblement il y avait déjà un débat sur la laïcité à l’époque.
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p.181: "Apprendre et inventer sont les deux pôles. On apprend beaucoup en inventant, mais la contrainte d’apprendre sans inventer […] est aussi indispensable". Cf aussi p.153 et 200.
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p.183: suppression des classes. JSA: mais il devrait parler que ça ne peut pas marcher sauf si on a un enseignement par modules.
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p.184: trop de matières, trop de détails. JSA: d’où mon idée de modules obligatoires basiques, et de modules optionnels plus avancés.
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p.185: nécessité de rendre l’enseignement interdisciplinaire.
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p.186: aspect transnational des problèmes d’avenir. Contacts nécessaires avec les autres pays dès le plus jeune âge. JSA: on dirait un peu le Attali de 1973!
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p.188: le temps de travail va encore baisser. Ce sera nécessaire pour compenser, équilibrer, le caractère inhumain de la spécialisation et la vie grégaire: "Les quarante-huit heures sont passées à quarante et se réduiront encore, les congés augmenteront. Alors, il faudra s’organiser pour que ces loisirs ne soient perdus sous aucun de leurs aspects. Il faudra que le caractère souvent inhumain de la spécialisation dans une existence assez grégaire soit compensé, équilibré, par une possibilité donnée à chacun d’exprimer à sa façon sa personnalité." JSA: encore une idée jamais lue!
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p.189: arts plastiques pour se différencier des autres. JSA: cela peut être n’importe quoi qui dépende du cerveau, comme les maths!
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p.190: pour l’auteur, la tendance à l’invention en arts plastiques se répercuterait dans les autres activités. JSA: il oublie le temps ne serait-ce que pour avoir une vue assez générale pour inventer dans d’autres matières (e.g. maths). Il semble dire que la musique, le chant, la danse, sont plus accessibles que le dessin. JSA: ne pas essayer de forcer les jeunes à ça. On ferait mieux de faire de l’athlétisme.
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p.194: JSA: il oublie de dire que la musique prend du temps.
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p.197: "c’est bien" quant au fait que les gens applaudissent leur équipe. JSA: pas un mot sur le sport par procuration, qui fait perdre un temps fou.
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p.197: pour lui il semble évident que des groupes concurrents doivent travailler sur les mêmes sujets en science. JSA: au lieu de celà, coopérons, plutôt. Cela permet aussi de diminuer les coûts. Voir sa remarque p.100: contradiction!
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p.198: JSA: pas un mot sur le dopage dans le sport.
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p.199: "Les enfants retiennent, alors que nous gardons peu ou mal la plupart des images: nos mémoires sont trop encombrées par toute une vie." JSA: ou bien nous avons appris à faire le tri plus efficacement!
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p.201: "les mathématiques modernes enseignées à partir de vidéocassettes bien composées par les meilleurs professeurs". JSA: et pourquoi pas les livres des meilleurs professeurs? Cf la citation de Carlyle sur la vraie université.
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p.202: incitation à faire des innovations dans l’enseignement de manière cachée. JSA: est-ce que toutes les innovations sont cachées, car l’humain étant trop contraint quand salarié?
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p.203: le maître séparerait le bon grain de l’ivraie dans la masse des informations. JSA: non, la seule réponse possible est de multiplier les sources si l’on veut se faire un avis.
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p.205: critique des enseignants qui n’ont pas su faire comprendre aux gens que l’astrologie est bidon. JSA: avec mon système à modules où on ne se perdrait pas dans les détails, ce ne serait pas le cas, car le peu de sciences enseignées serait bien enseigné, avec l’histoire qui va avec, pour pas qu’on oublie que ça ne sort pas du néant.
Partie 4: Où va le Monde, comment bâtir notre bonheur?
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p.211: club de Rome.
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p.212: les révolutions scientifiques et techniques rendent difficile la futurologie. JSA: mais les prédictions du club de Rome valent à iso-techniques! (meme pas à iso-science).
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p.212: cas particulier de l’uranium, qui se scinde en deux gros noyaux d’énergie de liaison plus forte, libérant de l’énergie. Ce n’est pas le cas de toutes les fissions! Comme des neutrons sont également émis, on a la possibilité d’une réaction en chaîne. Premier réacteur en 1942.
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p.214: les antibiotiques, pas un mot sur les phages.
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p.215: la vie quotidienne détruit la vie intellectuelle: "Nous vivons notre vie quotidienne avec ses contraintes. Nous sommes occupés, pris et vouent broyés par nos métiers, les agitations des grandes villes, la puissance des médias. La vie s’écoule ainsi avec ses plaisirs, ses douleurs, ses souffrances, ses petites joies du jour, ses espoirs personnels et sentimentaux, ses complexités. On porte en soi, qui vous colle à la peau comme un ruban de Scotch, sa kyrielle de tracas, d’hostilités, d’ennuis, de hontes, de petites traîtrises et, dans l’autre sens, d’inspirations, de moments généreux et de sensibilité. Tout cela nous prend nos journées; la vie matérielle agitée, malsaine, encombrante, se charge d’étouffer nos pensées plus lointaines. Elle ne nous donne pas le loisir de nous préoccuper sérieusement des grands problèmes, elle nous englue dans l’immédiat ou le court terme".
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p.217: cinq facteurs de bas dans club de Rome: démographie, agriculture, ressources naturelles, pollution, et leur interaction: "modèle global" (p.219f).
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p.218f: manque de terres arables, manque de matières premières: les chiffres du club de Rome cohérents avec 2018.
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p.221: catastrophe planétaire si l’on continue ainsi. "Quelles réflexions nous inspirent [le rapport du club de Rome] et les considérations annexes? D’abord, ils nous font percevoir de façon aiguë que la solution du prolongement du système actuel est non seulement peu souhaitable, mais catastrophique, c’est-à-dire qu’elle conduit dans un délai qui n’est pas très lointain à une catastrophe planétaire. On ne peut continuer indéfiniment la politique générale, économique, industrielle, actuelle. Donc il va falloir très vite faire preuve d’imagination, puis agir."
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p.222: paysan à Madagascar qui ne travaille pas une année car on lui avait permis de réaliser une récolte double. JSA: et pourquoi pas? C’est ça la décroissance!
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p.223: épuisement des ressources en cas de trop grand rendement. "Experts" envoyés en Afrique qui y vont surtout pour l’argent. Dons sans contrepartie qui finalement tournent les populations bénéficiaires contre les donateurs (JSA: la raison du zoo cosmique?).
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p.224: négociations sur le pétrole en 1971: "les riches ont dû céder à cause du quasi-monopole des pays arabes". JSA: sûrement pas, c’est juste que les prix ont pu être ajustés comme les riches l’ont voulu, par exemple via des dessous de table. C’est d’ailleurs ce que dit l’auteur juste en dessous: "C’est la concussion à tous les étages".
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p.225: au Zaïre, vers 1970, slogans sur les murs: "Il vaut mieux servir que se servir". L’auteur prédit les "printemps arabes".
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p.226: l’auteur dit que les lettrés prennent les plus belles places en Afrique; JSA: pas sûr, je me souviens d’un témoignage d’un général qui ne savait pas écrire.
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p.227: l’auteur préconise la lecture du rapport du M.I.T. du club de Rome dans le secondaire. JSA: rapport complètement oublié bien que d’actualité.
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p.227f: "Ainsi, une des données les plus évidentes est que les décisions concertées devront être prises au niveau international, ce qui implique toute une stratégie à l’échelle planétaire. Or, nos gouvernants ne sont pas du tout préparés à cela. Ils sont nationalistes, égocentristes." [...] "L’actuel député qui veut se faire réélire pense à ses problèmes de secteur, à ses querelles de chapelle mais n’a presque jamais une grande vision à long terme des problèmes de survie des hommes. Avec l’état actuel de l’opinion publique et le mode de scrutin, il ne serait certainement pas réélu si sa pensée volait trop haut."
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p.229: "le voisin n’est plus l’ennemi héréditaire que l’on accusait de tous les vices (c’était d’ailleurs réciproque), auquel on attribuait tous les crimes dans le but de mobiliser le pays en cas d’hostilité.". JSA: grâce aux médias!
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p.230: Concernant la jeune génération: "Déçus, peu capables de trouver des points d’application à leur générosité, ils deviennent souvent négatifs et agressifs. Les considérations du Club de Rome et les conclusions du rapport du M. I. T. devraient orienter leur vision du monde et provoquer leur enthousiasme pour une réflexion à l’échelle planétaire capable d’aboutir à une transformation de nos modes de pensée, de notre vision technologique et politique du monde. Ils peuvent trouver là un très bel élément de dépassement, de don de soi; sans motif de dépassement, sans générosité personnelle et collective, on ne peut être heureux.". JSA: on dit la même chose aujourd’hui: "ce sont les jeunes qui votent écolo". C’est la "shifting baseline" évoquée dans une vidéo: on oublie qu’on disait déjà la même chose dans le passé.
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p.231ff: "L’homme est un être dipolaire; il vit sous l’emprise de deux pôles […] L’un de ces deux pôles est le pôle scientifique [… et] le pôle des choix personnels". JSA: je dirais surtout qu’on a des activités qui dépendent plus ou moins des autres! Pôle scientifique: de l’atome jusqu’à la sociologie, une recherche commune d’une vérité universelle qui devrait constituer un élément de fraternité planétaire; nécessité d’une ascèse pour parvenir à l’appréhender, balance entre imagination et patience méticuleuse, entre critique et esprit d’accueil, entre apprentissage et recherche. JSA: ce sont des faits à classer dans le troisième âge de Comte); et le pôle des choix personnels (JSA: à classer dans le 1er et 2ième âge de Comte — mais on peut privilégier le troisième âge et réduire le 1er et 2ième âge à la portion congrue): "Que fait-on sur Terre? Doit-on avoir une vision pessimiste ou optimiste du monde? L’attitude envers le prochain doit-elle être teintée d’hostilité, de haine ou d’amour? Ces choix, nous les faisons et les refaisons au long de notre existence selon notre personnalité." JSA: l’auteur tend effectivement à dire que l’on peut faire passer les choix personnels dans le troisième âge: "On nous dira que nous sommes conditionnés et que les sciences humaines permettront de savoir a priori quels sont ces choix.". JSA: une sorte de psychohistoire à la Hari Seldon!
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p.235: 1932: neutron; on a a alors pensé que toute la physique du noyau, i.e. pour toutes les configurations nucléaires, pourrait s’expliquer avec le neutron et le proton. Mais on a vu qu’on peut couper ces particules, qu’elles ont une structure. JSA: à moins que ce soit une mauvaise interprétation.
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p.235: le pôles des choix personnels est aussi ce qui évite le déterminisme, qui rend possible le libre arbitre; mais l’auteur oublie de dire que l’originalité fait partie du système, qu’il n’y a rien d’incompatible.
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p.238: "Si vraiment, tel phénomène d’apparence normale est signalé, un scientifique n’a pas le droit de le rejeter a priori. Il le cataloguera et s’efforcera d’expérimenter en le reproduisant ou en classant plusieurs phénomènes de même nature. Mais attention! S’il s’agit d’un phénomène unique sur lequel il n’a pas prise, alors il sera d’une exigence extrême pour sa définition et son contrôle. Il n’admettra pas de s’intéresser à des effets dont la description ne présentera pas toutes les garanties qu’un homme de science est en droit d’exiger.". JSA: c’est donc un rejet a priori du phénomène OVNI.
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p.239: "il apparaît pourtant que la présence du pôle scientifique, le noyau dur, rend difficile l’entrée dans un univers de foi". JSA: oui!
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p.247: on nous transforme "en objet, en outil anonyme".
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p.248: mensonges de certains groupes écologistes. JSA: en 2018, l’histoire montre que les plus grands mensonges viennent de l’industrie nucléaire!
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p.253: les interactions augmentent comme le carré du nombre d’habitants sur la planète. JSA: enfin, on n’est pas en interaction avec tout le monde, ou du moins indirectement!
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p.253: "Le problème le plus fondamental est probablement celui de la limitation de la population. Il faut donc mettre tout en oeuvre pour réaliser cette limitation. D’où la nécessité du contrôle des naissances, du planning familial selon l’actuelle expression franglaise."
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p.259: "Il faut bien être persuadé que la vie sera toujours une lutte, que notre humanité ne pourra être heureuse que si elle possède un motif de dépassement". JSA: condition nécessaire mais pas suffisante pour être heureuse; le principal est plutôt la recherche de l’immortalité, et le motif de dépassement est la recherche de l’omniscience.
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p.259: "On ne peut pas doubler la population tous les trente ans, la production industrielle à un rythme encore plus rapide".
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p.261: "[...] la Terre, notre palais, notre jardin, notre trésor et aussi notre prison doit être regardée avec une vision globale, comme les astronautes la voient depuis la Lune": nécessité d’une vision système.
References
[Lep73] Science et Bonheur des Hommes. Leprince-Ringuet, Louis. Flammarion. 1973
[Bro66] certitudes et incertitudes de la Science. De Broglie, Louis. Albin Michel. 1966