p.49: panoptique inventé au début du 19ième siècle: prison circulaire donnant aux gens l’impression qu’ils sont observés, influant ainsi sur leur comportement: idem p.8, p.29 et p.59. La même chose a été imaginée pour des usines (JSA: montrant ainsi le peu d’égard pour les ouvriers). Ainsi, p.50: "C’est uniquement dans le cadre de la vie privée, de l’intimité, quand nous avons la possibilité d’aller quelque part où nous pouvons penser, raisonner et interagir sans le jugement ni le regard des autres, que nous pouvons explorer, être créatifs et exprimer notre dissidence". JSA: En d’autres termes: c’est souvent (pas toujours) dans la solitude que l’on est créatif. C’est exact; mais ce raisonnement s’applique à nos recherches sur internet, qui ne devraient pas laisser de trace, ou bien à nos lectures de sources extérieures (1/ LECTURE D’INFORMATION EXTÉRIEURES: READ EXTERNAL DATA). Par exemple, on devrait pouvoir lire en ligne "mein Kampf" sans avoir peur de se faire cataloguer. Ce raisonnement ne s’applique pas aux données que l’on publie (2/ DONNEES MISES PUBLIQUES: PUBLIC DATA), puisqu’à partir du moment où l’on publie, par nature on donne ses opinions et donc on se fait cataloguer par tout lecteur; si l’on ne veut pas se faire cataloguer, il ne faut pas publier (3/ PRIVATE DATA). Et d’ailleurs, il existe des données qu’il ne vaut mieux pas publier car sans intérêt général mais uniquement anecdotique (comme la majorité du contenu sur les réseaux sociaux), ou non-conformes aux exigences de la publication: en physique, les raisonnements qualitatifs. Ceci est souligné par Louis de Broglie, pour qui ces raisonnements ne peuvent passer dans l’enseignement (qui est une forme de publication) [Bro66]:
Or, l’enseignement oblige à présenter les choses qu’on expose sous une forme cohérente et, lorsqu’il s’agit de Physique théorique, mathématiquement correcte [...]. On ne peut donc se contenter d’intuitions qui n’ont pas pris une forme définitive ou de théories tout juste ébauchées. Ce sont là les raisons pour lesquelles on peut dire, du moins dans une certaine mesure, que l’enseignement détourne parfois de la recherche.
Les raisonnements qualitatifs ont donc intérêt à rester dans la sphère privée, d’autant plus qu’ils sont multi-disciplinaires (on ne peut être spécialiste en tout, on risque donc d’écrire beaucoup de choses approximatives voire pas en accord avec le consensus majoritaire ou même les opinions minoritaires actuels).
L’auteur aurait gagné à bien faire dès le départ la distinction entre les trois dérives associées respectivement aux trois besoins 1: accès à des données externes, 2: publication de données internes, 3: données privées et leur traitement. Ces trois dérives sont les suivantes:
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enregistrement dans un serveur de la liste de nos accès à des données externes, afin de cataloguer les personnes. Ce n’est pas parce qu’une personne consulte un site terroriste qu’elle est une terroriste potentielle. Ce n’est pas parce que je consulte un site de voyage vers la Grèce qu’on a le droit de me vendre des billets vers la Grèce plus chers.
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compilation de données publiées pour en tirer bénéfice ou nuisance. Si je montre que je suis intéressé par la Grèce via la publication d’un site internet sur la Grèce, il paraît raisonnable d’en tirer profit pour me vendre les billets plus chers. Mais cela n’assure pas l’égalité entre tous les citoyens: est-ce que cela doit être interdit par législation? Probablement. Ces données peuvent être aussi compilées pour faire de la publicité ciblée (p.83); personnellement quitte à avoir de la publicité, je préfère qu’elle soit ciblée. Néanmoins la publicité ciblée peut l’être sur nos choix explicites sans avoir à être traqué (p.129).
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enregistrement de données internes non publiées explicitement dans un serveur, afin d’en tirer bénéfice ou nous nuire (géolocalisation). Lorsqu’on publie un parcours sur Strava, il n’y a pas de problème puisque clairement nous publions. Il y a problème si notre position GPS est communiquée ou communicable par notre smartphone, à notre insu. Le piratage d’un ordinateur est juste une version plus appuyée de cette pratique. La publication de données doit être demandée explicitement; et peut-être la loi pourrait demander à l’utilisateur de ces données de réitérer la demande de permission de manière régulière (e.g. tous les ans). Alors ces éléments publiés avec autorisation rentreraient dans la catégorie 2/ ci-dessus.
Etant donné que pour l’instant on ne peut pas faire confiance au monde extérieur sur le net (pirates, Etats, entreprises), une solution pour 1/ est d’utiliser TOR. Une pour 3/ est d’utiliser un système open source ayant été audité (e.g. Linux). Pour 2/ la seule possibilité est de ne pas publier d’informations qui pourrait nous faire préjudice; c’est parfois difficile. Cest solutions ne sont pas sûres à 100%.